D’après une initiative de Mathieu Gérald Caissie, et sous l’égide de Nation Prospère Acadie, le Cercle acadien de la langue française a été inauguré officiellement jeudi 13 octobre à l’Université de Moncton. Le nouvel organisme se veut un point de rassembler des communautés acadiennes du Sud-Est et du comté de Kent.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
L’Acadie compte un nouveau joueur dans la défense et la promotion du fait français sur son territoire. Épris de sa langue maternelle, Mathieu Gérald Caissie mûrissait ce projet depuis quelques mois. Il prend pour modèle le Cercle Richelieu Senghor de Paris, où il a représenté la province pendant quelques années.
« Le Cercle acadien de la langue française aura comme mission première de fédérer les forces vives politiques, économiques, juridiques et universitaires de l’Acadie du Nouveau-Brunswick au profit du fait français et de la vitalité de la langue française », annonce-t-il d’emblée.
(Il y avait des invités de marque dans le public, dont Susan Holt, cheffe du parti libéral. Crédit : Damien Dauphin)
Le directeur général de la Communauté rurale de Cocagne s’est dit très déçu par les données du plus récent recensement de la population. Sa collectivité, appelée à s’agrandir et à devenir Beausoleil le 1er janvier prochain, devra dorénavant accommoder une minorité anglophone qui représente à présent plus de 20% de la population de son territoire. Face à ce constat, M. Caissie croit que l’heure est venue de passer à l’action.
« Je crois toujours en une Acadie résolument francophone, pas une Acadie bilingue et qui de plus en plus pense, parle, agit et ne se préoccupe que du bilinguisme comme vecteur de développement », martèle-t-il.
Il précise que le Cercle qu’il a fondé sera un rempart additionnel pour une langue française menacée de bien côté. À ce titre, il agira en complémentarité avec les organismes acadiens « plus sectoriels ». De façon concrète, il va faire du lobbying en proposant des actions favorisant l’affichage commercial et public en langue française. Il compte inciter fortement les conseils municipaux des communautés acadiennes de la région à adopter des arrêtés en ce sens.
« De nombreuses municipalités acadiennes peuvent rapidement influencer et franciser le paysage linguistique des panneaux d’affichage routier du ministère des Transports, en modifiant certains noms anglophones de chemins et de rues qui, de facto, se trouvent actuellement aux abords de nos autoroutes », ajoute-t-il.
Bienvenue aux francophiles
Malgré ce positionnement militant, l’organisme ne se voit pas comme un « cercle fermé » qui pratiquerait l’entre-soi. Il n’est pas réservé aux seuls francophones mais est résolument ouvert aux francophiles et, selon les mots de son président, « il rassemblera les citoyennes et citoyens qui souhaitent contribuer au rayonnement de la langue française dans les collectivités acadiennes ».
« C’est ouvert à tout le monde, on ne refuse personne. Il faut juste aimer la langue française », ajoute Mathieu Caissie.
Le Cercle acadien de la langue française est placé sous le haut patronage de Nation Prospère Acadie. Créé en 2018, c’est un organisme de bienfaisance dont les champs d’action sont la pérennité de la culture et de la vie française, la protection et la mise en valeur du patrimoine, la conservation de collections d’art populaire acadien, et la protection de l’environnement naturel de l’Acadie.
Une fois par trimestre, autour d’un 5 à 7, le Cercle organisera une conférence animée par une personnalité de la Francophonie acadienne ou internationale. C’est l’écrivain, diplomate et historien Jean-Louis Roy qui a ouvert le bal devant quelques dizaines de représentants de la société civile acadienne et francophone néo-brunswickoise.
Mathieu Gérald Caissie refuse que la langue française appartienne au passé. Pour lui, il ne peut être question de faire un compromis sur l’essentiel : en Acadie, le français doit être la première langue lue, écrite et parlée par les francophones.
« Cette langue est le moteur de notre émancipation et le véhicule par lequel nous pouvons consolider nos liens culturels, économiques, académiques et sociaux avec le monde francophone. »
Un monde francophone dont le cœur sera bientôt en Afrique, que M. Caissie a visitée plusieurs fois dans le cadre de ses précédentes fonctions officielles. C’est là que la natalité est suffisamment dynamique pour renouveler le bassin démographique des francophones, contrairement au Canada et à la France où le renouvellement des générations marque le pas.
Originaire de la République de Guinée, et président du Conseil des personnes d’ascendance africaine, Mamadou Oury Diallo, 29 ans, a confirmé cet état de fait.
« Pour nous qui sommes d’ascendance africaine, le message véhiculé nous a beaucoup interpellés. Ça passe par l’immigration pour renforcer la présence de la langue française ici en Acadie. »
Les personnes intéressées à faire partie du Cercle peuvent demander des renseignements et s’inscrire en écrivant à : cercleacadien@gmail.com.
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